dimanche 2 octobre 2011

Essai Renault Laguna 1.5 dCi ECO2 110cv : Plaisir et économie

Cet été, lassé par la grisaille que le ciel belge mettait si souvent à l'honneur, j'ai décidé de m'aventurer sur l'île de beauté – en Corse – pour y découvrir son chaleureux soleil, ses paysages bariolés, ses plages aux allures de caraïbes ainsi que ses villes et villages atypiques. Plus particulièrement, le sud de la Corse regorge de merveilles à dégoter de part et d'autre des côtes tout comme dans l'arrière pays, à l'image de la ville de Bonifacio, des plages de Porto Vecchio, du cap de Pertusato ou encore de bains chauds naturels et de vasques sublimes au fin fond de l'Alta Rocca.

Afin de profiter au maximum des ressources touristiques de cette île de rêve, il est plus que conseillé de louer une voiture tant les transports en commun sont rares, voire inexistants. Quelques semaines avant mon départ, je m'étais ainsi attelé à réserver une voiture du segment A (comprenant entre autres la Renault Twingo, la Hyundai i10, la Ford Ka ou encore la Citroën C1) pour éviter d'exploser mon budget. Une fois arrivé sur place, à l'aéroport de Figari, quelle ne fut pas ma surprise en me voyant recevoir – après une heure d'attente – les clés d'une Renault Laguna dCi flambant neuve. Fin de saison estivale oblige, la compagnie de location de voitures n'a en effet pas eu d'autre choix que de me surclasser, les petites citadines étant toutes affectées. Qu'à cela ne tienne ! Ce fut là l'occasion de passer de très bonnes vacances au volant d'une voiture spacieuse, économique et étonnamment agréable à conduire. Par conséquent, j'ai décidé de partager avec vous mon impression sur cette Laguna 1,5 dCi ECO2 de 110 chevaux. Plantez le décor, faites briller le soleil, la balade sur les trépidantes routes corses commence !

Une histoire de valeurs

La Renault Laguna est une berline familiale née en 1994 et ayant la particularité de disposer d'un hayon, contrairement à la plupart de ses concurrentes françaises comme allemandes. Depuis 2007, la troisième génération de cette automobile perpétue certaines traditions qui lui sont propres, tout en se hissant petit à petit sur le podium des meilleures ventes de berlines en France. Confort routier, habitacle soigné, sécurité active et passive ainsi que plaisir de conduite sont les maîtres mots de cette berline atypique. Car outre son hayon qui lui confère une ligne discutable, la Laguna a toujours divisé l'opinion par son design audacieux – plutôt bien accentué sur cette troisième lignée. Conscient de ce problème, la marque au losange propose depuis octobre 2010 un lifting de mi-parcours dévoilant une nouvelle face avant, plus agressive et conférant à l'auto une plus forte personnalité. Force est de constater que le résultat est plaisant et que cette voiture se forge un caractère qu'il était pressant de découvrir de plus près.

Sur le plan technologique, la troisième mouture de la Laguna ne reçoit pas énormément de nouveautés mais s'aligne néanmoins avec le marché actuel : bouton de démarrage du moteur (une innovation déjà adoptée sur la Laguna II), frein à main électrique, rétroviseurs se rabattant électriquement, phares automatiques, etc. La principale innovation est sans conteste l'adoption, en option bien sûr, de l'« Active Drive » offrant quatre roues directrices pour une tenue de route exceptionnelle ainsi qu'une facilité de manœuvre à vitesse réduite. Une option technologique intéressante que je n'ai hélas pu tester, la fonctionnalité n'étant pas présente sur le modèle de location (« Black Edition »). Enfin, la Laguna III se pare de deux blocs moteur diesel de 2.0l et 1.5l de cylindrée. Si le premier se décline en différentes puissances, de 130 à 180 chevaux, le second se contente d'une seule version de 110 chevaux. Étiquetée « ECO2 », cette dernière motorisation revendique un rejet de 118g de CO2 par kilomètre pour une consommation de 4,6 l au cent kilomètres. C'est donc équipée de ce moteur écologique que la Laguna III m'a accompagné durant sept jours, m'inspirant l'écriture de cet essai détaillé...

Une face avant qui sauve la mise

Suite à sa petite cure de jouvence en 2010, la Renault Laguna III offre désormais une face avant attrayante, agressive et subtilement construite. Le capot reste identique à la première phase (2007 à 2010), très plongeant jusqu'à la base des phares et soulignant ces derniers d'une nervure qui épouse parfaitement leur côté intérieur descendant. Au centre de la tôle peut-on trouver une autre nervure, plus discrète, parfaitement alignée avec le badge du Losange. Si les blocs optiques gardent la forme qui leur avait été octroyée au lancement de la Laguna III, en 2007, leur aspect a évolué afin de présenter un regard plus acéré et des contrastes mieux prononcés. Pour ce faire, chaque phare intègre une paupière intérieure grise, travaillée, qui surplombe les trois éléments du bloc – clignotant, feux de croisement et feux de route. De plus, le fond noir des blocs optiques tranche radicalement avec l'ensemble. Seulement disponible sur certaines versions de la Laguna III phase 1, cette coloration équipe désormais de série toutes les déclinaisons de la gamme. Totalement remaniée, la calandre adopte un look « singleframe » à la manière des dernières Audi, mais également des précédentes générations de Volkswagen (Golf MK5 GTI, Passat B6 ou Polo 9N2). Largement adoptée par le public, cette calandre aux grilles très modernes confère tout naturellement un design plus acceptable, « à l'allemande », à cette nouvelle Laguna. De part et d'autre de cette calandre trouve-t-on enfin un élément composite constitué d'une prise d'air, d'un phare antibrouillard et surtout, d'un joli encart chromé relevant l'ensemble du composant situé sous le phare. Ainsi pourvue, la nouvelle face avant de la Laguna III peut enfin réellement rivaliser avec ses concurrentes.

De profil, cette seconde phase de la Laguna III ne change en rien par rapport à sa grande sœur. Dommage, car quelques petits ajustements auraient été les bienvenus. On retrouve une ceinture de caisse montante : de hauteur normale pour le conducteur, elle se retrouve assez élevée pour les passagers arrières. Depuis l'aile avant, le profil est traversé par une nervure légèrement marquée, soulignant les poignées de porte dont l'alignement renforce un peu trop cette pente sur la ceinture de caisse. Présente sur de nombreux véhicules actuels, cette nervure est ici l'une des moins réussies – comparez donc avec une Citroën C5, par exemple. Les portes-à-faux avant et arrière sont pratiquement de la même longueur – l'avant étant plus long de neuf centimètres – alors que la mode actuelle semble pourtant prôner les proportions inverses. En parlant de mode, les baguettes de protection situées sur les portières semblent elles aussi appartenir au passé chez la concurrence ; on les retrouve hélas sur cette Laguna III, ce qui n'est pas pour agrémenter son profil. Conséquence du hayon, l'arrière du profil se montre moins abrupt et plus grossier que sur une berline tri-corps à malle. Enfin, les bas de caisse ne profitent d'aucun dessin abouti et attristent par leur simplicité. Pour autant, malgré beaucoup d'éléments vieillissants, le profil de cette Laguna reste agréable... sans pour autant émouvoir. Heureusement, les vitres avant et arrières profitent d'un cerclage chromé conférant à l'auto cette petite touche d'exclusivité qui distingue les berlines hauts de gamme des simples familiales.

À l'arrière, la Laguna III phase 2 ressemble trait pour trait à sa première phase de 2007. Le design des feux se montre très sommaire et fait bien peu honneur aux diodes électroluminescentes (LED) qui s'y cachent. Technologie de plus en plus usitée par les constructeurs pour sa faible consommation et sa durabilité, les diodes sont ici affectées aux feux de position et aux feux stop. Si l'on ne peut que saluer leur implantation sur cette Laguna, on regrettera un mariage avec de trop simples feux blancs cristallins en guise de clignotants et feux de marche arrière. Un choix stylistique qui confère un aspect « bon marché » à cette automobile, a contrario des VW Passat, Opel Insignia, Citroën C5 et Peugeot 407. L'inscription « Laguna » sous l'emblème Renault, heureusement, rehausse sensiblement ce constat de démérite en se calquant sur certains manufacturiers haut de gamme comme Porsche, qui labellise de la sorte ses véhicules. Point positif : Renault a osé adopter la double sortie d'échappement chromée sur toutes les motorisations et niveaux de finitions. Un élément très apprécié des amateurs d'automobile, et plus particulièrement de sportivité, qui s'accorderont à dire que trop peu de constructeurs osent aujourd'hui franchir ce cap. Quant aux jantes, la finition « Black Edition » testée est chaussée en 16 pouces et propose en option une monte de 17 pouces. Seules les versions haut de gamme, nommées « GT 4Control » et « Initiale » peuvent se parer de jantes 18 pouces optionnelles. Leur design, cependant, reste tristement banal.

Les vraies valeurs sont à l'intérieur...

En ouvrant la portière, on découvre avec étonnement un habitacle au design travaillé et aux courbes agréables, mariant inspirations sportives et luxueuses. La Laguna III dispose d'un intérieur agréable et spacieux, ne privant pas les passagers arrières de place pour leurs jambes, ni pour leur tête (grâce à une garde au toit rehaussée à l'arrière, contrairement à une berline tri-corps classique). Les rangements sont notamment nombreux et généreux, à l'image des vides-poches de portières si profonds que j'y perdis mes lunettes de soleil. Le tableau de bord apparaît détaché de la console centrale, ce qui permet d'intégrer un rangement supplémentaire. Grâce à son hayon, la Laguna III offre également un coffre spacieux et facile d'accès. Côté matériaux, l'habitacle souffre d'une qualité perçue assez moyenne. Si le tableau de bord s'en sort assez bien avec son plastique moussé, il n'en est pas de même pour les insertions de décoration (autour de l'écran de navigation, par exemple), la console centrale supérieure et surtout inférieure. À la vue comme au toucher, ces matériaux déçoivent et se montrent peu cossus. Heureusement, la qualité d'assemblage est présente et l'ensemble de l'habitacle ne souffre pas de cliquetis et autres bruits en tout genre. Par ailleurs, l'ergonomie de certaines commandes – notamment la climatisation, le système de navigation et sa molette de contrôle – est assez déroutante. Ainsi, il s'avère fastidieux de configurer le GPS ou même, pire, de chercher une station de radio à écouter.

Au rayon des bonnes surprises, on notera la très agréable position de conduite caractérisée par une excellente prise en main du volant (ni trop grand, ni trop petit), un bon réglage des sièges et surtout un remarquable maintien de ces derniers. De plus, l'adoption d'un frein à main électrique s'avère judicieuse, celui-ci étant facile à manipuler et assurant des démarrages en côte très aisés (le frein se désactive automatiquement lorsque l'on accélère assez). Au niveau de l'équipement, les options disponibles dépendent du niveau de finition. Ainsi, pour la version « Black Edition » testée, par exemple, il n'est pas possible d'y adjoindre des projecteurs bi-xénon. Sur cette dernière version, cependant, on trouve de série la climatisation automatique dual zone, le système de navigation, le régulateur de vitesse, le frein à main électrique et l'assistance de parking arrière – et cette liste n'est pas exhaustive. Seuls quelques équipements électriques de confort et de navigation sont alors disponibles en option pour cette version « Black Edition », à l'image des rétroviseurs se rabattant électriquement ou d'une carte GPS étendue à toute l'Europe.

... et au volant !

Sur la route, le moteur « ECO2 » de 110 chevaux se révèle assez creux à bas régime, mais offre des prestations raisonnables une fois franchie la barre des 2000 tours/minute. Les reprises permettent d'effectuer des dépassements corrects, notamment grâce à une pédale d'accélérateur possédant deux seuils limites. Il est ainsi possible d'enfoncer la pédale plus loin que son premier « plancher » afin de booster l'accélération, ce qui se ressent plutôt bien lors d'une reprise. Avec un poids de 1473 Kg à vide pour 110 chevaux, il ne faut cependant pas s'attendre à des performances sportives (11.9 secondes pour le 0 à 100 km/h); cette Laguna reste néanmoins une bonne familiale. Au volant de celle-ci, les trajets sont paisibles. En effet, aucun bruit parasite ne vient entacher le confort de cette berline. L'amortissement est très bon et élimine la plupart des défauts de la route. Même sur routes dégradées, la Laguna étonne par son confort. C'est pourtant en conduite sportive que la Laguna révèle l'une de ses plus grandes qualités : la tenue de route. Celle-ci est tout simplement exemplaire et jouissive. Sur routes sinueuses (qui sont légion en Corse du sud, lieu de l'essai), la voiture avale les virages les uns après les autres sans perte d'adhérence et avec une précision millimétrique. Par ailleurs, la très bonne démultiplication de la direction permet d'enchaîner les chicanes en gardant les deux mains sur le volant, sans croiser, ce qui offre un contrôle vraiment idéal de la voiture à vive allure. Le freinage, puissant, permet lui aussi de sécuriser la conduite, laquelle dévoile ainsi un véritable plaisir. Enfin, pour ne pas entacher ce bilan, la consommation est presque conforme aux chiffres avancés par le constructeur, se situant aux alentours de 5 l/100 km en conduite normale. En s'amusant un peu, cependant, celle-ci peut facilement venir titiller les 7,5 l/100 km.

Conclusions

À partir de 25950 € (tarifs belges), Renault dispose d'une concurrente de choix face aux Citroën C5, VW Passat et autres Opel Insignia. Si le design extérieur laisse encore à désirer malgré une jolie face avant (comparativement aux incroyables progrès de Citroën ou Opel), la Laguna III mise avant tout sur ses valeurs de confort et de sécurité. Très confortable et agréable à conduire (même sur routes sinueuses ou dégradées), la berline de Renault comporte les qualités d'une bonne familiale, qui plus est économique et écologique. Si elle dégage moins de cachet que ses concurrentes (et offre moins d'équipements optionnels), elle n'en reste pas moins une bonne alternative, notamment dans ses versions « GT 4Control » et « Initiale ».

Les plus, les moins

Les plus :

  • Face avant nettement améliorée
  • Design intérieur
  • Niveau d'équipement de série
  • Confort sur route, maintien des sièges
  • Tenue de route et plaisir de conduite

Les moins :

  • Design extérieur (profil et arrière)
  • Qualité de certains plastiques intérieurs
  • Ergonomie des commandes
  • Performances du moteur 1,5 dCi de 110 chevaux
  • Équipement en options assez maigre